Circuit des Puits et Fontaines de MOUILLAC
    L'eau précieuse des Causses du Quercy
Cette page reprend la plaquette des circuits des Puits et des fontaines de Mouillac éditée par l'APICQ en 2004 et hélas bientôt épuisée...

Aussi, afin que chacun
puisse l'imprimer à sa guise, nous n'avons pas placé en fond la couleur noire de la plaquette originale.Toutefois l'intégralité des textes, carte  et dessins y figure.

Bonne(s) promenades(s) !
Une eau présente


Située sur le Causse de Limogne, la commune de Mouillac présente la particularité de posseder plusieurs puits, mares et fontaines. La concentration de puits en certains endroits s'explique par l'hydro-géologie singulière du lieu.
Le hameau du Pech et ses alentours sont recouverts par des "molasses*" dites de l'Agenais, d'âge tertiaire, alors que le reste de la commune est composé de calcaires d'âge secondaire du Causse de Limogne. Ces lentilles gréseuses ou argileuses parsemées de quelques bancs de calcaire lacustre constituent un ensemble semi-perméable à imperméable, faisant fonction d'éponge qui retient les eaux de pluie. Cette couche marneuse, appelée nappe perchée, procure une ressource en eau facilement accessible car peu profonde (2 à 3 mètres de profondeur). sa capacité à alimenter les puits est estimée en moyenne à 1 m3 par jour.

* molasse : type de conglomérat gréseux de calcaire tendre (contenant des coquilles de mollusques) accompagné d'argile ou de marne
Une eau convoitée

Les premières archives de Mouillac soulignent déjà la présence de l'eau dans ce lieu réputé sec. En 1227, une donation de Pons de Salvanhac à la commanderie de Lacapelle-Livron parle des "herbages, bois et eaux de la grange de Mouillac".
Les trois fontaines actuelles du Mouillagol, situées au carrefour des trois communes de Caylus, Mouillac et Puylaroque, ont toujours été dans l'histoire quelque peu convoitées. Ainsi, en 1304, Bernard de Puycelsi, seigneur de Puylaroque, intente un procès contre le Commandeur de Lacapelle-Livron, seigneur de Mouillac, à propos de "l'abreuvoir du Mouillagol".
Ces fontaines "dans le vallon au fond duquel l'on voit encore quelques vestiges de l'ancien ruisseau de la fontaine du Mouillagol" sont déjà en ruine en 1789.
Une eau bénite
La vie quotidienne était rythmée par le cycle de l'eau. Au printemps, si la Lère Morte coulait, les femmes du village allaient au bas du hameau de Tarau pour y faire la lessive dans l'eau vive, car la commune ne possédait pas de lavoir. En période de grande sécheresse, le curé, suivi de la population, partait en pieuse procession  pour implorer la pluie.

L'eau est la richesse naturelle la plus précieuse de nos Causses du Quercy. Autrefois, richesse très convoitée, elle était aussi une ressource partagée et gérée par tous comme un bien commun.

L'APICQ, pour faire revivre ce passé, après avoir restauré certains puits, a créé sur la commune de Mouillac un circuit de 18 puits, fontaines et mares visibles de la voie publique.
En réalité, il en existe bien davantage...

Durant deux heures de promenade, vous apprécierez au hasard du chemin une chaîne de puits plus ou moins imposants, d'architectures et de formes différentes. Certains sont curieusement regroupés aux endroits où l'eau était le plus facilement accessible.

Cette balade vous fera aussi découvrir la faune et la flore particulièrement remarquables du site protégé de la vallée sèche du Mouillagol.

 
Une eau partagée



Ce petit patrimoine lié à l'eau présente aussi une grande variété de droits d'usage et de droits de propriété. Il s'organise autour de quatre groupes :

1. Les fontaines et puits communaux

Il incombait aux consuls de gérer l'eau en construisant dans chaque hameau de la commune un puits ou une fontaine.
-Au Pech, la fontaine communale, dès le XVIIIème siècle, fut appelée "Fon malnette", sa surface étant toujours recouverte de lentilles d'eau qui empêchaient de voir le fond. Ce point d'eau servait pour abreuver les bêtes du hameau. L'abreuvoir en pierre témoigne de ce passé.


A Perrufe, le puits de "Turralura" est situé sur le "patus communal", composante identitaire très forte de tout village caussenard. Cet espace champêtre recouvert d'une pelouse sèche était l'équivalent de la place publique des villes plus importantes. Les bâtiments, ainsi que les murets plus ou moins hauts, s'organisent autour de ce patus et de ce point d'eau. C'était un lieu de sociabilité lorsque les gens y venaient pour abreuver leurs troupeaux de brebis.

Les fontaines du Mouillagol et le puits de la Lère Morte sont les autres points d'eau publics des hameaux de Cavaillé et de Tarau.

2. Les puits privés avec un droit d'usage public

Un arrêté municipal du 8 messidor an IV vend une maison comme bien national sauf le puits qui reste réservé à l'usage de la population. Une servitude de passage et d'usage est créée sur une propriété privée.

3. Les puits groupés avec droit d'usage réservé à un groupe

-Puits privés partagés entre plusieurs voisins. L'architecture peut être alors adaptée à cette clause juridique (double entrée sur un même puits) ;
-Puits privés réservés à une famille. Ainsi, un testament daté de 1841 réserve une clause particulière pour un puits du Pech : "Jean et Jeanne et leurs héritiers ayant cause et leurs descendants auront droit de passage d'eau au puits qui est dans la cour du lot de Pierre (l'aîné), et ont droit d'y aller avec charrette. S'ils vendent ou donnent à des étrangers leurs lots, ce droit de passsage ne sera point pour ces derniers et il sera éteint..."

4. Les puits privés à usage individuel

Ils représentent la majorité des édifices. Ceux situés en bordure des chemins appartiennent souvent à un propriétaire unique. Lors de la vente ou de l'échange des terrains, il pouvait arriver que le puits constituât un lot séparé. Au fil du temps, ces puits devinrent des enclaves parcellaires de quelques mètres carrés réduites à l'emprise au sol bâti. Aujourd'hui encore, les trois puits du Pech appartiennent à trois propriétaires différents dont les fermes respectives sont distantes de plusieurs centaines de mètres.
Une eau domestiquée


Les couvertures

Les puits couverts d'un toit de lauzes ou de tuiles étaient réservés à l'approvisionnement en eau "potable" des habitants. De plus, leur fraîcheur permettait la conservation des denrées alimentaires durant les périodes chaudes. Les puits, ouverts étaient utilisés pour abreuver le bétail.






Les cabestans

La plupart des puits couverts disposent d'un treuil constitué d'un cylindre de bois ou tambour traversé par des chevilles placées en croix faisant office de poignées.
Le système employé ci-dessous est différent. Le treuil, constitué de fortes chevilles installées parallèlement au tambour, en périphérie d'un volant de bois, peut être utilisé sans danger. Si par mégarde, le treuil est laché, la chute du seau rempli d'eau peut être stoppée en actionnant un sabot qui, à la manière des anciens freins de charrette, vient frotter sur la périphérie du volant, chose impossible avec des cabestans traditionnels.
  Un bien commun

Depuis l'an 2000, des hommes et des femmes soucieux de préserver et de transmettre un patrimoine populaire trop méconnu se sont rassemblés dans l'Association pour la Promotion de l'Identité des Causses du Quercy pour agir sur le plan local.
Considérant que l'eau fut de tout temps  la richesse naturelle la plus précieuse de nos causses, une richesse très convoitée par nos aïeux mais aussi partagée et gérée par tous comme un bien commun, ils ont choisi de travailler en priorité autour de la sauvegarde du petit patrimoine rural lié à l'eau.
Cet ensemble de bâtis de puits, mares et fontaines était alors ruiné, en grand péril de disparaître et d'être oublié de la mémoire collective.
Aussi l'APICQ, s'appuyant sur des recherches historiques des us et coutumes de l'eau, après avoir retrouvé des savoirs faire ancestraux de construction, a entrepris une opération programmée de sauvegarde du petit patrimoine rural sous la forme de chantiers de restauration de puits privés, visibles de la voie publique.
Parallèlement à ces travaux de construction, l'APICQ propose et anime des soirées théâtrales à la ferme ainsi que des ateliers d'écriture de contes et de légendes autour des thèmes de l'eau des causses, de l'arbre et des bois du Pays Midi-Quercy. Les fruits de ces ateliers donnent lieu à des rencontres, des veillées, et font l'objet d'éditions. Autant d'actions au travers desquelles se transmettent les valeurs morales d'un patrimoine commun.
Association pour la promotion de l'Identité des Causses du Quercy
Le Pech
82160 MOUILLAC

     

Ce projet est cofinancé par la Communauté Européenne
dans le cadre du programme LEADER +
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