Loin,
si loin dans le temps
Drôle de conférence qui se tenait sur
le parking de Labastide de Penne dimanche matin. L'orateur, Thierry
Déjean, donnait à son auditoire des clés historiques pour « lire »
ce lieu. Saviez-vous que Labstide et Penne furent deux villages
disctincts, réunis à la révolution ?
Après ce préambule,
nous fîmes une virgule... virgule ?
Que vient faire une telle ponctuation
dans notre déambulation ?
C'est ainsi que notre guide,
fait sortir les surprises de leurs
chrysalides,
et nomme les crochets
qu'elle sait si bien dénicher.
Cette virgule nous a amenés dans la
cour d'une bien jolie demeure. Huguette sut, en quelques secondes,
charmer et convaincre l'hôte des lieux de laisser nos trente quatre
pieds fouler le chemin d'herbe qui venait d'être tondu très à
propos, comme une invite à la curiosité... une autre curiosité
était elle-même une invite à l'audacieuse démarche : le nom
que Huguette n'avait pas manqué de remarquer sur la boîte aux
lettres « Gentil ». Et de fait, si l'habit ne fait le
moine, dimanche, le nom fit le tempéramment et nous fûmes autorisés
à aller admirer de plus près un magnifique pigeonnier à clocheton
sur pilotis. Si le bâti nous indique qu'il a sans doute été
initialement la possession de riches propriétaires, son épi de
faîtage est un pigeon dont la facture nous révèle qu'il a vu le
jour à quelques kilomètres de là dans un four de la Hulote, où
les Carryquiri, depuis 1955, « renouent avec une longue
tradition de céramique populaire ».
En sortant de Labastide, nous nous
sommes arrêtés devant le magistral mur de soutènement dont le
passe-muraille ici n'est pas le Dutilleul de Montmartre mais un arbre
magnifique.
On se demande qui de l'arbre ou du mur
a poussé le premier... On remarque aussi qu'une partie de ce mur a
fait l'objet d'une restauration... oeuvre de jeunes venus travailler
avec Citrus et encadrés, pour ce chantier, par les membres de
l'APICQ.
Et puis la ballade se poursuivit, sous
le soleil généreux de cette chaude et rayonnante journée de
printemps. Les respounchous (ou tamier commun) tendaient la tête
vers les promeneurs, promesse d'une rencontre future avec quelques
oeufs de bonne compagnie. Le groupe s'arrêtait parfois pour des
lectures de paysage sous l'éclairage expert de Huguette !
Quelle merveille de pouvoir ainsi décrypter les paysage, comprendre
pourquoi le Causse est plus jeune (quelques millions d'années), que
nous sommes sur un socle qui nous unit aux autres jusqu'en Irlande,
que nous traversons des terrains vieux de plus de 500 000 000
d'années ! « C'est bourré de mines ». Oui,
le sous sol est riche. Au loin, la Grésigne qui tient son nom de sa
terre grézeuse. C'est l'histoire de la terre qui nous est restituée.
Huguette, passionnée, passionnante, a toujours une anecdote
intéressante qui nous fait plonger dans l'immensité de la
biographie terrestre ; par exemple nous apprenons que l'axe de
la Terre oscille autour d'un cône et qu'il faut 27000 ans pour que
cette oscillation ait formé un tour complet ! Nous ne sommes
qu'une poussière dans cette histoire, mais qu'il est bon de mesurer
le hasard qui, parmi des milliards d'autres possibles, nous a mis sur
ce chemin blanc, en si bonne compagnie, par cette si belle journée
de printemps.
Maryse DENNEULIN
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