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Il
était une fois, il y a très longtemps, dans les anciens
temps reculés du Haut Moyen Age, aux environs de Saint Antonin,
un moine capucin vivant dans le prieuré de Santo Festos.
Une fois par mois, il traversait l’Aveyron, passait devant le
château de Bône, pénétrait dans une caverne
dont il trouvait la magie propice à ses prières, pour
faire pieuse retraite.
Mais depuis quelques temps, il avait de plus en plus de peine à
trouver la paix de l’âme dans cet exercice salutaire. En
effet à peine le seuil de la grotte franchi, un diable se
réveillait sous son crâne. Alors, son gosier le
démangeait d’une soif avinée qu’il
satisfaisait en vidant force gourdes de l’élixir
qu’il destinait en principe à l’aubergiste de Saint
Antonin. Une infinie tristesse l’envahissait et il entrait dans
une colère énorme dont les éclats
résonnaient jusqu’aux tréfonds des
ténèbres de la caverne.
Un jour, sincère dans son désir de prière et, sentant monter en lui le semeur de trouble, il l’interpella :
«
Si je réussis à te faire rire et à te faire boire
quelque chose de plus vivifiant que la liqueur de ma gourde, tu devras
me rendre immortel et disparaître à jamais. Si
j’échoue, mon âme sera entièrement tienne.
»
Le diable accepta.
Aussitôt le pacte conclu, le moine sortit une plume de colombe de
sous sa robe et se chatouilla avec. Le diable dans sa chair se
tordit d’un rire nerveux. Immédiatement le gosier du
capucin réclama sa rasade de liqueur. Sans hésiter, il se
précipita au fond des ténèbres où il savait
une source couler en abondance. Il plongea sa tête dans
l’eau fraîche et pure et but jusqu’à plus
soif. Le diable désaltéré par force de tant de
pureté et d’innocence sortit écœuré du
capucin et lui dit :
« Et bien soit, je vais donc te quitter pour toujours et te rendre immortel, pauvre fou ! »
Sur ces paroles, il transforma le moine en stalagmite pour l’éternité…
Si vous ne me croyez pas, glissez-vous dans la grotte du capucin. Près de la source, il y est toujours sous sa capuche.
E cric e crac moun counto est acabat.
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