Le collecteur d'impôts  

Les temps étaient très durs au Pech de Fourques. Nous n’étions pas serfs attachés au seigneur du château, nous étions dans la misère.
La terre de ce coin de causse était ingrate et chiche en récoltes ; en plus nous n’avions pas d’eau ou si peu que lorsque la sécheresse s’abattait sur nos champs, nous savions que l’hiver serait très dur à passer.
Une deuxième calamité s’abattait sur nous régulièrement lorsque arrivait dans notre hameau le  collecteur des impôts du Roi. Il était maigre, sale, boiteux, d’une dureté de cœur à nulle autre pareille. Il était haï de Dieu lui-même, qui l’accablait de tous les maux possibles.
Cette année-là, le Divin crut bon de lui donner une leçon et de soulager la misère de ces pauvres serfs, et particulièrement ceux du Pech de Fourques.
Sa collecte finie, le triste bonhomme reprit son chemin, accompagné de ses gardes. Il boitait de plus en plus. Il ne s’aperçut même pas que sa bourse contenant les maigres écus des impôts royaux avait un trou, par lequel s’échappaient les pièces.
Et là, miracle, chaque fois qu’une de celles-ci touchait le sol, elle disparaissait et, à sa place, un filet d’eau apparaissait.
Depuis lors, au Pech, plus personne n’eut soif, et les puits s’égrenèrent tout au long des chemins et des cours de ferme.