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C’était
du temps des fées. Du temps où les fées, tout en
gardant leur pouvoir surnaturel, se rapprochaient des occupations
terrestres.
Ce jour-là, la fée Citadina était venue visiter
son amie d’enfance, la fée Agricola. Elles
s’étaient connues à l’Ecole Féerique,
et depuis entretenaient des relations de profonde amitié.
Après avoir demandé des nouvelles des unes et des autres,
si notre amie Lumina brillait toujours autant, et Pomponette
passe-t-elle toujours autant de temps devant ses miroirs, etc, etc...
- “Viens voir, ma Bonne, dit Agricola à son amie, viens
voir ce que je me suis amusée à faire. Tu vas être
surprise. Sur la crête pierreuse du Pech de Fourque, j’ai
créé un jardin de rocailles. J’ai joliment
disposé quelques maisons, fait s’élever de part et
d’autre de petits chemins, des murets de pierre. Mais
malgré tous mes efforts, je n’ai pu y faire naître
quelque source pour que ce hameau soit plus attrayant. Je dois
vieillir, ma Bonne …
- C’est avec plaisir, Chère Amie, que je te suivrai voir
cette rocaille, je suis sûre que tu l’as disposée
à merveille. Mais regarde, je ne suis pas habillée, avec
mes escarpins, mes colliers de perles, pour aller par les chemins de
campagne.
- Peu importe, ma Bonne, au lieu de marcher, nous survolerons le paysage.
- Tu as raison, Chère Amie, nous aurons de ce fait une meilleure vue.
- Allons, partons, es-tu prête ?
- Oui, mais tu me permettras de m’arrêter à
l’entrée du hameau, et de poursuivre malgré tout ma
visite à pied.
- Si tu veux , mais partons maintenant.”
Voilà nos deux amies survolant la campagne, et devisant aimablement.
- “Vois-tu, ma Chère Amie, je ne sais si je vais pouvoir
t’aider dans cette affaire de sources, dit Citadina, il y a bien
longtemps qu’en ville, ces problèmes sont
réglés, mais, si je n’ai pas perdu la main,
j’essayerai.
- Grand merci, Citadina chérie. Tu sais, je n’ai pas
besoin d’un gros ruisseau, simplement quelques puits, et de
petites sources.
- Nous verrons, ma chère Agricola. N’arrivons-nous pas à l’entrée de ta rocaille ?
- Si fait, ma Bonne.
- Je redescends par terre si tu veux bien, dit Citadina.”
Mais pendant la manœuvre, un de ses colliers de perles
s’accrocha à la ramure d’un vieux chêne, le
fil cassa, et les perles se dispersèrent tout au long de cette
crête pierreuse. Les plus grosses roulèrent jusqu’au
fond du vallon, mais les autres restèrent réparties tout
au long du hameau.
- “Regarde, Citadina, toutes tes perles qui sont restées
tout au long de ma rocaille ont fait apparaître de l’eau.
Mais regarde donc, là un puits, là une mare, et encore
là une source. Tu vois, toi, la fée de la ville, tu as
su, par un merveilleux artifice, faire jaillir l’eau pure. Je
vais pouvoir maintenant peupler ce jouet, cette rocaille déserte
que j’avais par amusement créée, peupler, donc,
d’hommes et de bêtes, d’oiseaux et de fleurs, ce
jardin que tu fis verdoyer.
- Ma bonne Agricola, je ne pouvais pas te laisser dans la peine.”
C’est ainsi que la vie prit naissance tout au long de ce chemin du Pech de Fourques.
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