|
|
Ce
jour là, le diable parcourait le Causse, brûlé de
soleil, à la recherche de quelque âme à damner. A
la mi-journée il arriva à Mouillac. Mais là, point
de pêcheurs, point de conscience chargée de crimes, point
de travaux humains restant à achever. La nuit le trouva, aux
abords de ce hameau misérable du Pech. Misérable, il
l’était : pierreux, broussailleux, sec, sans une
source, sans un filet d’eau.
« - Je vais m’arrêter là pour la nuit,
dit Satan, je serai bien au milieu de cette
désolation. »
Il s’allongea sur un banc de roche et laissa tomber sa fourche,
son trident brûlant, dont il se servait pour tourmenter les
damnés dans les chaudrons de l’enfer. Cet instrument tout
rougeoyant des feux de l’enfer mit le feu, en tombant, aux
broussailles environnantes. Peu importait à Lucifer, il aimait
les flammes portant avec elles la mort et la destruction. Heureusement,
la nuit, les lutins des bois et des rivières ne dormaient pas.
A la vue des flammes menaçant les pauvres masures du hameau, ils
se rassemblèrent pour porter secours à ces pauvres gens.
Mais pas une goutte d’eau.
« - Creusons çà et là au plus
près des flammes, nous trouverons de l’eau pour
éteindre les broussailles. »
Effectivement, l’eau jaillit en plusieurs endroits, le feu fut
éteint, ce qui réveilla notre diable qui s’enfuit,
poursuivi par les lutins lui jetant de l’eau au visage.
Et, pour commémorer cet
événement, les vieux du village décidèrent
d’ajouter au nom du hameau le nom de cet instrument du
diable : la fourche satanique.
C’est donc depuis ce jour là
le Pech de Fourques.
|